Claude Georges Picard apporte ici le témoignage d’un soldat « appelé », chasseur alpin, envoyé, en 1961, lors des «événements d’Algérie» sur un piton de Kabylie, dans un poste militaire isolé au coeur de la zone rebelle, à 1200 m d’altitude dans la neige hivernale et sous le soleil accablant de l’été, remplissant à la fois son devoir de soldat et celui d’instituteur-infirmier-écrivain public improvisé dans un village kabyle entièrement acquis à la rebellion. « Encore un accrochage dans le village avec les fells. Leur pouvoir d’évanouissement est magique. Ne dit-on pas disparaître par enchantement. A la première rafale ils se fondent dans la nuit, se volatilisent et nous restons comme des cons, seuls et désemparés sur le terrain. Ils doivent bien rire, planqués dans la forêt, enterrés dans leurs caches invisibles... Les lendemains d’accrochage, toujours beaucoup d’appréhension en descendant dans le village. Entre le soldat de nuit, qui n’hésiterait pas à tirer et le gentil soldat qui soigne, apprend à lire et compter, je m’y perds. Lequel est le vrai ? » Un témoignage unique, sans la moindre concession sur les faits et une interrogation profonde sur le drame de conscience qui fut celui de la jeunesse de l’époque. Témoignage qui a fait l’objet en avril 1984 , de cinq émissions à France-inter : « Le Passé singulier », de Michel Winock et en 1992 d’une lecture de certains passage par Richard Berry sur France 2 dans « Envoyé Spécial ». « Ce manuscrit édité par les EDITIONS DU NET est unique en son genre. J’ai déja publié trois de ses prédécésseurs au CNRS. À ma connaissance il est un des rares à dire ce qu’il tente de faire pour saisir sa hiérarchie contre l’abus des tortures et autres exactions. » Jean-Charles Jauffret