Après avoir été au cœur du débat politique pendant la première moitié du XIXe siècle, le suffrage universel a longtemps donné l'impression d'être une évidence qui ne se discute pas. « L'idée du suffrage universel, écrit Paul Bastid, n'est plus de celles qui se discutent, sauf dans quelques cercles archaïsants dépourvus d'influence réelle. » Pourtant ce suffrage universel qui paraissait un horizon indépassable est aujourd'hui attaqué théoriquement à la fois par ceux qui voudraient le rendre plus démocratique et par ceux qui, y voyant une menace pour la propriété, voudraient sinon le supprimer, du moins le cantonner. De plus, le suffrage est en outre discrédité dans les faits par ceux qui, par paresse, par manque de temps ou d'intérêt, s'abstiennent de voter. Cette montée de l'abstention se traduit par des propositions récurrentes de pénaliser les abstentionnistes sans que les raisons d'une telle pénalisation apparaissent clairement. En quelques articles, je commente les raisons pour lesquelles punir les abstentionnistes ne règlerait pas une crise profonde de l'élection comme fondement du droit de commander.