1726. Antonio Vivaldi est célèbre. Venise, Vienne, Amsterdam, Londres, Paris, Dresde... la plupart des capitales le considèrent comme le plus grand violoniste de son temps. Maître de musique au Pio Ospedale Della Pietà, le plus prestigieux des hospices financés par la Sérénissime, et réservé aux jeunes filles sans famille, il a pour mission de former ses élèves aux études musicales. Il s’éprend de l’une d’entre elles, une chanteuse : Anna Giro. D’origine française, elle a seize ans et elle est fort belle. Pour elle, il compose un ou deux opéras chaque année en lui réservant le rôle principal. Il tire de ces spectacles de belles recettes qui lui valent des jalousies féroces. Venise est une ville dangereuse, d’autant plus qu’Antonio est prêtre et vulnérable. Ses rivaux le dénoncent à l’Inquisition. On veut l’expulser du théâtre Sant’Angelo dont il est devenu le directeur. Ses opéras sont interdits dans certaines villes d’Italie sous prétexte que ses mœurs libertines sont incompatibles avec son état ecclésiastique. Par bonheur, Antonio Vivaldi a de puissants protecteurs : l’empereur d’Allemagne, le roi du Danemark, l’ambassadeur de France. Il oublie les ombres qui le menacent grâce à une frénésie de création : 460 concertos, 63 opéras, plusieurs oratorios. Le succès, l’amour, le plaisir... la jeune Anna illustre à sa manière, légère, la vie tumultueuse de son maître et celle de Venise.