Le premier défi de la démocratie est de donner le «goût de l’avenir» (Alexis de Tocqueville), de générer l’enthousiasme qui poussera les jeunes d’esprit à progresser d’eux-mêmes vers de nouvelles quêtes de sens et de savoir, à renouveler peut-être surtout, dans le contexte des nouvelles connaissances et d’une prise de conscience accrue des richesses des différentes cultures, les questions que l’on appelle «ultimes et les plus hautes», pour citer Husserl, celles que la science exclut par principe et qui sont pourtant «les questions les plus brûlantes», portant «sur le sens ou sur l’absence de sens de toute cette existence humaine». Le simple mot <i>question </i>évoque d'emblée le vieux français <i>queste</i>, c'est-à-dire la <i>quête</i>, du latin <i>quaerere</i>, «rechercher», «aimer»; il traduit le désir de voir et de savoir, impliquant du coup les deux dimensions à la fois les plus essentielles et les plus grandes de notre être proprement humain, la capacité d’aimer et celle de penser. Une éducation qui exclurait, comme tranchées d’avance, ces questions ultimes, ne serait nullement à la hauteur de l’humain. Les essais composant ce livre explorent six d’entre elles, à savoir la dignité humaine, l’intelligence, la liberté, le bonheur, la mort et la beauté.<br>