Les politiques en matière d’immigration que privilégient les instances publiques québécoises sont conçues pour être un gage de performance économique. Pourtant, nombreuses sont les recherches sociologiques qui pointent le haut taux de chômage des migrants, leur forte représentation parmi les travailleurs précaires ainsi que la déqualification dont ils font l’objet.Dans cet ouvrage, l’autrice offre un angle de vue original, car elle appelle le lecteur à décentrer son regard pour mieux « déséconomiciser » la sociologie des migrations. Elle considère ainsi le phénomène de migration non pas comme une finalité, mais comme une stratégie de classement social qui prend racine dans le pays d’origine et qui se poursuit bien en aval de l’immigration.Au cours de son enquête démarrée au Maroc, elle a rencontré une quarantaine de ces individus qualifiés qui ont quitté leur pays pour le Québec, et où certains sont finalement retournés. À bien des égards, leur parcours permet de décloisonner les spécialités disciplinaires et de comprendre que la migration n’est pas susceptible d’une seule lecture.