Le roman policier est le meilleur alibi pour pénétrer l'intimité des femmes et des hommes ordinaires, des sans histoires jusqu'à ce qu'une mort violente révèle leur complexité, leur originalité. Ainsi en est-il, à l’automne 1951, pour les habitants d'Ebrai, village normand, dont le train-train est mis à mal pas l'assassinat d'une jeune fille : Margot. Dans le monde paysan d'après-guerre, la coutume et ses tabous règnent encore en maître. Pour les jeunes villageoises qui désirent échapper au poids de la terre, la clandestinité s'impose. Voilà pourquoi Margot ne prendra pas l'autobus pour Carentan, mais se dirigera vers le souterrain abandonné qui sert de lieu de rendez-vous à la jeunesse. Voilà pourquoi son assassin l'attendra sur le sentier forestier qui mène au souterrain. Le commissaire Mathias Joffrey comprend vite qu’à Ebrai, deux clans hostiles cohabitent sous le regard désabusé d'un vieux châtelain. Un drame se joue avec la victime dans le rôle de Juliette et le fils du maire dans celui de Roméo. Pour le commissaire, ancien résistant dont le groupe est tombé en 1944 alors qu'il était réfugié dans le souterrain de la forêt d'Ebrai, le retour dans ce village n’est pas sans conséquence.