Madame la Ville est en colère est un grand magasin où chaque article à son lieu, l'ensemble pourtant se côtoie sans jamais se reconnaître. Le temps vient y faire ses emplettes, frivolités et caprices, amour et dépendance, luxe et luxures, tout y est article, superflue ou important, en abondance ou parfois en rupture. Cette multitude, homme et émotion, dilate l'action et le temps. L'essence de cette cité moderne est propre à ce qu'elle a d'unique, cetteliberté de paraître ou de disparaître. Seul au sein d'une foule ou unique dans un lieu commun, à l'image de notre civilisation, où l'invisible peut être misère etviolence. Et dans la lumière, faste et abondance, où la singularité fait souvent peur. Le cri du plus fort n'est manifestement pas celui des masses qui défilent. Des rencontres insolites dans des nefs de danger, menaces diurnes ou nocturnes, où tentation et désaffection entament une langoureuse danse du sacré avec l'interdit. Dynamisme louable de cette société nouvelle qui absorbe et fabrique l'énergie, celle des travailleurs, des voyageurs et des consommateurs. Mais qui produit davantage et plus encore, argent, pollution et solitude. Madame la Ville est en colère, dont elle a le mérite de son évolution, aborde des sujets de notre temps, reflet tellement identique à celui, prisonnière semble-t-elle, de son passé. Voilà pourquoi Madame la Ville est en colère, car elle est partie prenante dans cette condition humaine.Elle génère dans son évolution excès et ignorance, au lieu d'imposer sa douceur de vivre à cette frénésie cancéreuse, enclave de bien des maux. Séquelles de politiques successives, d'Histoires mal terminées ou de démons qui hantentcertains de ses concitoyens.