Léon Trotsky a longtemps hésité avant de conclure que la troisième internationale était définitivement devenue contre révolutionnaire et que tout espoir de la redresser devait être abandonné. Lorsque, en 1933, le KPD (Parti Communiste d'Allemagne) s'écroule comme un château de cartes et capitule sans combattre devant Hitler, il croit encore à la possibilité d'un sursaut et attend encore quelques mois avant de conclure à la faillite définitive de la troisième internationale et à la nécessité de la construction d'une nouvelle internationale. Il écrit : « il n'y a pas de miracle à espérer. L'internationale communiste est vouée à la défaite. Il faut rejeter l'idée de la réformer, que ce soit sur le plan national ou international, l'internationale communiste dans son ensemble, parce qu'elle n'est rien d'autre qu'une caste bureaucratique sans scrupules qui est devenue la pire ennemi e de la classe ouvrière mondiale. Il faut absolument libérer l'avant-garde prolétarienne de la dictature de la bureaucratie stalinienne. »La fondation de la quatrième internationale eut lieu le 3 septembre 1938. Les délégués ne représentaient que douze pays, pour vingt-huit organisations ou groupes affiliés. Ce mince point de départ ne pouvait manquer d'augmenter les contestations des adversaires quant à la validité d'un tel congrès. Cependant Trotsky, qui n'ignorait rien des faiblesses de son mouvement, voyait plus loin. Face à la confusion de cette période chaotique le manifeste L'agonie du capitalisme et les tâches de la quatrième internationale, plus connu sous l'appelation abrégéede Programme de transition, dessinait les voies de la lutte révolutionnaire.Même s'il ne s'est pas révéler prophétique, il fournit une analyse lucide de la situation politique mondiale à la veille de la seconde guerre mondiale.