Le Voyageur enchanté est un roman de l'écrivain russe Nikolaï Leskov, publié en France en 1892.Extrait| L'ex-connaisseur en chevaux, M. Ivan-Sévérianitch Flaguine commença son récit en ces termes :-- Je suis né serf , ma famille appartenait à la domesticité du comte K... qui possédait de grands biens dans le gouvernement d'Orel. À présent, cette fortune a été dissipée par les jeunes héritiers du comte , mais, à l'époque dont je parle, elle était très considérable. Au village de G... où résidait le barine il y avait une vaste maison seigneuriale flanquée de pavillons, un théâtre, une galerie affectée exclusivement au jeu de quilles, un chenil, des ours vivants enchaînés à des bornes, des orangeries, des jardins , le comte avait ses acteurs qui lui jouaient la comédie, ses musiciens qui lui donnaient des concerts , il entretenait dans son domaine des tisserands et, en général, des ouvriers de toute sorte , mais l'objet principal de son attention était le haras. Quoique pour chaque chose il y eût des hommes spéciaux, le service le mieux organisé était encore celui de l'écurie. De même qu'autrefois, dans l'armée, le fils d'un soldat se voyait invariablement destiné à l'état militaire, de même chez nous on était, de père en fils, qui cocher, qui palefrenier, qui préposé à la nourriture des chevaux. Mon père était le cocher Sévérian, et, quoiqu'il n'occupât point le premier rang parmi ses collègues, lesquels étaient très nombreux, il ne laissait pas d'avoir six chevaux sous sa direction. Je n'ai pas connu ma mère : elle mourut en me donnant le jour...|