Tout au long de leur œuvre, les poètes Michel Beaulieu et Gilbert Langevin se sont immiscés dans la « sombre intimité » de l’homme : le premier accorde une place importante à l’évocation des souvenirs et porte une attention soutenue aux événements rythmant le quotidien ; le second cherche à rendre compte, inlassablement, d’une pauvreté originelle propre à la condition humaine. Influencés par la poésie du pays, les auteurs à l’étude dans cet essai ont emprunté aux courants littéraires des années 1970 (nouvelle écriture et contre-culture), sans toutefois se réclamer à part entière d’un groupe ou d’une esthétique. Difficilement classables, ils se sont plutôt astreints à une démarche et à une recherche poétique résolument individuelles. Ce livre propose une analyse du rapport à la communauté de ces deux poètes constamment tiraillés entre le désir d’appartenir à un ensemble et la volonté de demeurer à l’écart, d’affirmer une irréductible singularité. Pour Beaulieu et Langevin, la véritable filiation ne s’établit pas depuis ce que les hommes partagent, mais bien par ce qui leur manque.