Le Big Data (ou mégadonnées) suscite des discours porteurs de visions économiques prometteuses: efficience du microciblage, meilleurs rendements par gestion prédictive, algorithmes et intelligence artificielle, villes intelligentes… bref, toute une économie des données qui trouverait son achèvement véritable dans une créativité enfin libérée de tout joug disciplinaire, idéologique et politique. L’éclatement des individualités «émancipées» sonde le «social» tel qu’il est porté par ces discours de promotion. En effet, force est de constater que le social est relativement absent, pour l’instant, des réflexions que l’on présente comme névralgiques pour un avenir meilleur.Ce phénomène soulève d’importantes et préoccupantes questions, que ce soit concernant l’intégrité de la vie privée face à la marchandisation des données personnelles, les dynamiques – économiquement productives – de la surveillance corporative, les rapports de pouvoir induits par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), les pièges du temps réel ou encore la dynamique «algorithmique» et sa tendance à suppléer les lois (le politique) par les faits (le réel enfin rendu indéniable grâce aux données quantifiables).Ce premier ouvrage collectif du Groupe de recherche sur l’information et la surveillance au quotidien (GRISQ) envisage le Big Data comme producteur d’effets en même temps que produit de dynamiques sociales. Il intéressera les étudiants et les chercheurs du domaine de la communication qui s’interrogent sur le vaste univers des mégadonnées.