La littérature québécoise a un secret – bien et mal gardé à la fois – qui se cache depuis plus de cent ans sous le nom d’Émile Nelligan. L’une des œuvres poétiques les plus accomplies et les plus novatrices a été attribuée à un adolescent inculte, sans expérience, et atteint d’une maladie qui affectait à ce point ses facultés qu’il dut vivre interné de l’âge de dix-huit ans jusqu’à sa mort. On a voulu croire que Louis Dantin, préfacier du livre Nelligan et son œuvre, n’était qu’un simple compilateur qui aurait opéré un tri arbitraire dans de mystérieux cahiers jamais retrouvés, et aurait même dénaturé les textes par des corrections intempestives. Ce livre est pourtant à l’évidence l’œuvre d’un grand mystificateur qui, sous le masque d’un autre, s’amuse à faire sa propre apologie et à créer une énigme faite pour confondre les historiens. Dans une démonstration magistrale qui mettra fin aux spéculations, Yvette Francoli dévoile enfin la vie fascinante de l’un des personnages les plus intrigants de l’histoire littéraire québécoise, celui en qui ses confrères voyaient « une âme d’artiste, une intelligence lumineuse, un esprit d’élite ».