Paul Gouin (1898-1976) a laissé sa marque comme l’un des grands défenseurs de l’héritage culturel canadien-français, qu’il concevait comme étant aussi un puissant levier de développement économique. Homme de vision et précurseur de la Révolution tranquille, il connut pourtant une carrière politique de très courte durée. Deux ans après avoir pris la direction de l’Action libérale nationale, il est évincé par Maurice Duplessis qui s’impose à la tête de l’Union nationale. Son échec prit la forme d’une véritable destruction, survenue pour l’essentiel entre l’équinoxe du printemps et le solstice d’été de 1936.C’est cette destruction que raconte ici Claude Corbo en suivant l’approche de «fiction historique» qu’il a déjà adoptée pour Félix-Gabriel Marchand ou Honoré Mercier. En plus de Paul Gouin lui-même, il fait entendre trois témoins: son secrétaire montréalais, qui tient un journal personnel, un conseiller, qui rédige des notes sur sa trajectoire politique, et enfin Maurice Duplessis, qui raconte tout à sa secrétaire Auréa Cloutier. Paul Gouin, quant à lui, se défend dans une lettre qu’il adresse aux membres de l’ALN pour expliquer ce qui s’est passé depuis les élections de novembre 1935 et quelles sont ses perspectives d’avenir.Chacun des témoins propose ainsi sa propre lecture des évènements. Chacun la tient pour vraie. Chacun ne connaît qu’une partie de la vérité.